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Macron, le mauvais pari et le pari qu’il aurait pu faire

Dernière mise à jour : 19 juin



Jean-Pierre Dumas Mercredi 19 juin, 2024

 


« Tout joueur hasarde avec certitude pour gagner avec incertitude…Mais l’incertitude de gagner est proportionnée à la certitude de ce qu’on hasarde.»

Pascal, Pensées



En 2017, le Président Macron a conquis le pouvoir à la suite d’un pari osé. Dimanche 9 juin 2024, il annonce qu’il dissout l’Assemblée Nationale, alors qu’il n’y était pas forcé, c’est donc bien un pari, mais un pari qui met en cause la nation tout entière..


Quand on parie, on ignore si on va gagner, on connaît (ou du moins, on évalue) les coûts associés au gain. Plus le gain est élevé, plus les coûts en jeu le sont.


La certitude de ce que l’on hasarde (le coût), dans ce cas était immense, 1) introduire son pire ennemi à partager le pouvoir pendant trois ans, 2) permettre à la gauche de se réorganiser autour d’un tribun extrême et antidémocratique, 3) déstabiliser une économie qui était déjà fragilisée par une politique budgétaire irresponsable (ce que le Président était censé connaître sans avoir besoin d’un « audit »), 4) permettre aux marchés d’attaquer la France dont la dette était déjà dans le collimateur des agences de notation et 5) ouvrir la porte aux amis de Poutine. Quant au gain, il reste plus qu’incertain. « Pile, je gagne, face, tout le monde perd et vous payez la facture » (TE, “No wonder Macron’s gambling’’June 13th 2024).


Macron, en renvoyant l’Assemblée, a fait un mauvais pari. Il aurait pu faire un autre pari risqué et audacieux qui aurait rapporté à la France.


1  Le mauvais pari

Macron a parié sur une désintégration de la gauche et un retour au front républicain, il s’est trompé.


Macron avait parié que son annonce dramatique du dimanche 9 juin allait entraîner un sursaut républicain contre l’extrême droite en sa faveur. Il pensait rejouer « le front républicain » de 2002 quand la droite et la gauche modérées se sont alliées pour lutter contre Jean-Marie Le Pen au second tour en faveur de J. Chirac. Le monde a changé, l’extrême droite de Mme Le Pen n’est plus celle de son père et la gauche d’aujourd’hui conduite par un gourou vociférant ne correspond plus aux socialistes d’alors. L’une s’est respectabilisée, l’autre s’est dénaturée. Le parti antisémite n’est plus celui de Mme Le Pen, c’est celui de M. Mélenchon (c’est étonnant que cette inversion des valeurs n’ait pas été notée par la gauche qui passe son temps à donner des leçons de morale). La gauche s’est unifiée autour des thèses mélenchonistes, il faut mettre en œuvre «la rupture».


  • Macron introduit son pire ennemi à partager le pouvoir

Trois forces vont être en présence ; l’extrême droite (le RN et le parti d’E. Zemmour), l’extrême gauche rassemblée au sein du « Front populaire » et le centre, un conglomérat de partis sous le vocable Renaissance (qui inclut le parti d’E. Philippe, Horizon). Quelques rescapés socialistes peuvent se joindre, mais la performance de R. Glucksmann aux élections européennes a été balayée en une journée par les cadres des partis extrêmes qui ont repris en main, dans la grande tradition stalinienne, la cuisine électorale grâce à l’appareil du parti, en désignant ses candidats. Quant aux Républicains, ils sont divisés, une partie restant fidèle au parti les Républicains, une autre partie se liant au RN sous la houlette de Ciotti.


Deux partis hégémoniques qui entrent dans les élections en ordre de bataille (du moins jusqu’aux élections) contre un centre éclaté et minoritaire. Les deux partis extrêmes représentent plus de la moitié des voix.


Si Macron voulait maintenir le pouvoir au centre, il devait faire deux choses : -faire une alliance avec la droite républicaine (LR) et -instaurer la proportionnelle. Une alliance à l’allemande c’est-à-dire qu’on fait des accords et on donne des postes de ministres et des sièges aux Républicains, on ne demande pas au parti minoritaire dans l’opposition d’accepter le programme du parti dominant, à prendre ou à laisser. Il fallait faire une alliance avec LR qui repose sur des points spécifiques et limités entre les deux partis et passer des compromis (ce n’est pas dans la culture française), ça prend du temps, et c’est bancal, mais ça permet de durer et d’attendre les prochaines élections. D’après Le Monde, dissolution-de-l-assemblee-nationale-les-macronistes-sous-le-choc-et-la-tentation-du-sauve-qui-peut, E. Ciotti aurait souhaité monter une coalition avec Macron. Ce dernier n’a pas considéré cette proposition, si c’est exact, là encore, il porte une lourde responsabilité.


Le centre, dans un pays bi polarisé aux extrêmes, ne peut avoir la majorité avec un scrutin majoritaire à deux tours, ce qui aurait été possible (d’après J. Jaffré) avec un scrutin proportionnel. Le système majoritaire à deux tours favorise les deux partis dominants, puisque dans le système majoritaire à la française, pour figurer au deuxième tour, le candidat gagnant doit être parmi les deux premiers au premier tour (le troisième, s’il atteint 12.5% des inscrits, est en général battu). La bipolarisation d’aujourd’hui est différente de celle que nous avons connu sous la Vème. On avait à faire à des partis qui acceptaient les règles du jeu ; aujourd’hui, on a deux partis extrémistes.


Le parti Renaissance ne sait pas où il va; or des élections se gagnent sur quelques slogans qui sont négatifs chez les extrêmes. Pour l’extrême droite, contre les étrangers, contre l’Europe, contre l’OTAN ; pour l’extrême gauche contre les riches, contre l’impérialisme, contre l’Europe, contre l’OTAN. Les deux se rejoignent pour taxer (les riches), pour dépenser toujours plus, et pour Poutine.


On n’a pas vu l’esquisse de grandes orientations et de décisions durant la conférence de presse de Macron, il a promis l’autorité républicaine, réduire l’immigration illégale via des textes européens (qui ont montré leur inanité), il va proposer un grand débat sur la laïcité avec les forces vives, interdire l’usage des téléphones avant 11 ans. Les retraites seront indexées sur l’inflation. On n’est pas sûr que ces thèmes soient suffisants pour enflammer les foules. On s’attendait à ce que le Chef d’État annonce deux ou trois mesures qu’il prendrait immédiatement. Il aurait pu dire qu’il faut remettre de l’ordre dans les finances publiques, de l’ordre dans l’immigration, de l’ordre dans la rue, de l’ordre dans l’école et une politique étrangère sans concessions vis-à-vis d’un dictateur qui veut envahir un pays européen. Rien, on va voir, on va discuter, on va organiser un grand débat...


L’erreur de Macron (comme celle de Biden) c’est de ne pas avoir compris que la majorité des Français trouve qu’il y a trop d’immigration incontrôlée. Si l’Europe nous empêche de renvoyer les immigrants et bien il faut changer les règles, ça doit sans doute être possible puisque la Suède, les Pays-Bas et le Danemark, pays qui ne sont pas fascistes, sont en train de le faire. Plus l’État est ferme vis-à-vis de l’immigration illégale, plus il faut être souple pour accepter une immigration choisie au cas par cas en fonction des besoins de l’économie. C’est une chose que Mme Melonie a parfaitement comprise. C’est pour cette raison que le slogan «appel d’air» chaque fois que le Gouvernement autorise des immigrés est une ânerie. La politique d’immigration zéro est impossible, une politique d’immigration choisie est possible et souhaitable.


Les élections législatives vont être perdues pour le camp de celui qui les a convoquées. Le parti centriste est traversé de forces centrifuges et pris en tenaille entre deux partis extrémistes. La prochaine assemblée sera pire que l’actuelle, c’est une perte sèche pour son camp (on ne voit pas pourquoi la moitié des Français qui ont voté pour des extrémistes de droite et de gauche vont changer d’avis dans trois semaines).


Si le RN a la majorité aux prochaines élections, il est obligé de nommer Bardella comme PM. Ça sera la cohabitation d’un Président démocrate, européen, centriste, pro- Ukraine avec un PM appartenant à un parti (non pas fasciste, mais autoritaire), anti-européen, qui n’a qu’une idée en tête, non à l’émigration et socialiste (le RN a, sur le plan économique, un programme socialiste à la française) et un parti pro-Poutine. C’est incompatible.


En cas de cohabitation, le pouvoir se trouve à Matignon, pas à l’Élysée, Macron sera limité à inaugurer les chrysanthèmes, faire des allocutions funéraires et voyager à l’étranger (ce qu’il sait faire). La politique économique de la France se fera à partir de Matignon, elle sera conduite par une personnalité plus à l’aise sur tik tok et sur des selfies que sur des dossiers et qui va effrayer les marchés.


Si le RN n’arrive pas à avoir la majorité absolue, alors on risque d’avoir une chambre ingouvernable, avec des PM nommés par Macron qui seront renversés comme sous la IVème. Dans les deux cas, la France sera affaiblie au niveau national comme international. Où est le gain? 


Ça fait partie des coûts prévisibles donc quasi sûrs que le Président (et ses conseillers) auraient dû prévoir.


  • Macron permet (certes involontairement) à la gauche de se mobiliser autour d’un gourou vociférant


Macron pariait sur l’éclatement de la gauche, elle s’est réunifiée sous la coupe d’un gourou manœuvrier. L’expérience socialiste Glucksmann a été balayée en une journée par les staliniens de la NUPES qui contrôlent les nominations des députés.

 

« Comme dirait Marx, « les socialistes font leur histoire, mais ne savent pas l’histoire qu’ils font »

J-L Bourlanges in L’Opinion, 12 juin 2024).


  • Macron  déstabilise une économie déjà fragilisée par une politique budgétaire irresponsable


Si un gouvernement populiste est élu, il héritera d’une situation économique et budgétaire grave, à laquelle il agrégera une politique irresponsable, une combinaison explosive.


La France est le mauvais élève de la classe. Quand on compare les données macroéconomiques de la France par rapport aux autres pays de la zone euro (ZE) sous la présidence Macron (2017-2023, dernière année connue sur le plan statistique), on ne peut qu’être frappé par leurs résultats médiocres. La France se situe au dernier quart de la classe. La France se situe au 16e rang sur 20 pays (derrière la Grèce) en termes de croissance économique sur la période Macron (cf. tableau 1). Quand un pays a une croissance faible, son taux de chômage est élevé, la France se situe aussi au 16erang en termes de chômage, avec un taux de chômage moyen sur la période de 8% de la population active, certes le chômage a diminué depuis Hollande, mais on est loin du plein emploi. Le plein emploi pour la France serait un taux de chômage de 5 à 5.5%.


Regardons les finances publiques, la France arrive avant-dernière en termes de déficit budgétaire (des administrations publiques) sur la période 2017-2023. Durant cette période, la France a connu un déficit budgétaire supérieur à 3% du PIB cinq ans sur sept. Vous allez dire qu’il y a eu le covid qui justifie des déficits exceptionnels, certes, mais, à notre connaissance, tous les pays ont subi la crise covid et ont su revenir après 2020 à un déficit inférieur à 3%. Le Gouvernement et le Ministre des Finances ne brillent pas par la rigueur.


Toutes ces données sont reliées, un déficit élevé signifie une dette élevée (le déficit ne peut être financé que par une augmentation de la dette). La France arrive en 16e position en matière de dette publique sur la période. Inutile de dire que l’objectif du ratio de la dette de 60% du PIB est considéré par les autorités françaises comme une variable anecdotique qui ne s’applique pas à la France. Pourtant il y a huit pays dans la ZE qui respectent ce critère. En outre, le ratio de la dette publique se détériore pour la France et l’Italie alors que l’Espagne et le Portugal ont réduit leurs déficits primaires.


La France détient la première place des pays de la ZE en termes de dépenses publiques par rapport au PIB, c’est la contrainte de base de la France qui explique, des impôts et charges les plus élevés de la ZE, facteur de croissance faible et de chômage élevé. Le Président Macron a déclaré que notre pays « n’avait pas un problème de dépenses excessives », la lucidité n’est pas le fort de nos dirigeants. Difficile après cela de prêcher la rigueur à des partis populistes qui s’apprêtent à augmenter encore plus les dépenses.


Jusqu’à maintenant, la France était protégée par son statut de pays important dans la ZE, par ses relations de copinage avec la technostructure bruxelloise (que ses autorités nommaient), par l’aura de ses Présidents. Le Président de la Commission, J-C. Juncker qui ne manquait ni d’humour ni de lucidité, quand on lui demandait pourquoi la Commission fermait les yeux sur les manquements de la France en matière budgétaire, répondait d’une manière laconique, «parce que c’est la France, tout simplement » (enfin un vrai patriote à la tête de la Commission). Il est possible que cela n’amuse plus les marchés qui sont lents à se réveiller, mais qui, quand ils sortent de leur torpeur, peuvent avoir des réactions brutales. La France va devenir le maillon faible de la ZE.

 

Tableau 1 La France dans le dernier quart des élèves des pays de la zone euro



Si à cette situation peu brillante, on ajoute un programme économique irresponsable, on ajoutera de la dépense à de la dépense, ça donnera une situation explosive.


Ici, le Président Macron porte une responsabilité totale, la situation économique de la France est parfaitement connue à condition d’avoir un minimum de lucidité, la lucidité ne semble pas être le point fort de la classe politique et des think tanks.


  • La France va devenir le maillon faible de la zone euro

On va voir apparaître le pouvoir des marchés sous le nom de “bond vigilantes’’, ce sont les opérateurs qui possèdent la dette d’un pays et la vendent quand il pense que le pays mène une politique budgétaire qui risque de mettre en doute sa capacité à servir cette dette normalement sans recourir à des politiques d’ajustement forcées. Ils jouent une sorte le rôle de juge de paix sur les États, en leur rappelant la contrainte de remboursement d’une dette (inutile de dire que si Mélenchon arrivait au pouvoir, les marchés se débarrasseraient de la dette française en quelques heures).


Les socialistes s’indignent sur le rôle des marchés « qui ne sont pas démocratiques et font la loi ». Ils confondent l’effet avec la cause. Ce ne sont pas les marchés qui obligent les Français à s’endetter, ils ne font qu’acheter des bouts de papier émis par le Trésor français pour financer ce que nous voulons (plus de retraites, plus de salaires (pour les fonctionnaires), plus de dépenses sociales et moins d’impôts). C’est le programme économique des gouvernements français (y compris Macron) et du RN au carré et de la FI au cube. Ça ne peut pas marcher dans un pays qui n’a pas d’espace budgétaire, qui a un ratio des dépenses publiques le plus élevé du monde (57% du PIB) et qui n’a aucune flexibilité pour les réduire (les dépenses en France sont incompressibles à la baisse pour des raisons politiques et statutaire); c’est le cas avec Macron, ça sera aussi le cas avec Bardella qui va mener une politique économique socialiste.


Supposons que le programme Le Pen-Bardella entraîne un extra coût de €50 milliards par an à la France (l’Institut Montaigne l’avait estimé, il y a deux ans, à €100 milliards supplémentaire par an), le déficit budgétaire projeté en 2025 serait de l’ordre de 6 à 6.5% du PIB, pas de quoi enthousiasmer Bruxelles, ni les marchés. Toutes ces mesures populistes, si elles sont mises en œuvre (ou même uniquement énoncées), seront demain sanctionnées par les marchés et notre dette au lieu d’être notée AA- ira vers C et les Français comprendront, mais un peu tard, que la solution ce n’est pas l’extrême droite. Les taux risquent d’être si élevés que toute hausse des impôts ne servira qu’à financer les intérêts de la dette. Il faudra faire appel à la BCE (au FMI ?) pour sauver un Gouvernement d’extrême droite.


Les marchés n’avaient pas anticipé ce choc politique, ils vont attaquer la dette française comme ils l’ont fait pour L. Truss (les marchés ont eu raison de L. Truss en un mois, de fin septembre à fin octobre 2022). L. Truss était en faveur de l’économie de marché, ce qui ne semble pas être le cas de Le Pen-Bardella qui ont comme programme économique celui de Mitterrand, avec la différence que quand Mitterrand a pris le pouvoir, le ratio de la dette publique française s’élevait fin 1980 à 21% du PIB, fin 2023, elle s’élève à 111% du PIB, on n’est plus dans le même ordre de grandeur, en outre cette dette est possédée par au moins 50% par des étrangers.


Néanmoins, il y a une différence de taille, la France est protégée par l’euro, ce qui n’est pas le cas de la Grande-Bretagne. La GB avait un déficit budgétaire qui allait augmenter du fait d’une baisse d’impôts non financée et avait un déficit de sa balance externe (comme la France), la différence est que la ZE est excédentaire sur le plan extérieur, ce qui permet de financer le déficit externe français. La livre sterling s’est dépréciée fortement et les marchés ont attaqué les bons anglais. La Banque de France peut renverser sa politique de “quantitative tightening’’ et acheter discrètement des bons du Trésor français pour soutenir artificiellement son cours. Cette protection de la part d’une banque centrale en faveur d’un seul pays de la ZE est contraire à la politique monétaire d’une banque centrale appartenant à une zone monétaire et favorise le laxisme budgétaire d’un pays au détriment des autres.


Les taux à 10 ans des OAT ont déjà commencé à augmenter, alors que le RN n’est pas au pouvoir. Les marchés commencent à se dessaisir de la dette française, donc le prix des OAT baisse et les taux montent. Le “spread’’ avec les bons allemands est passé de 50 points de base à 77 points de base (18 juin). Moody’s a déjà indiqué qu’il n’y aura pas de majorité à l’Assemblée et qu’elle sera plus ingouvernable que l’actuelle, donc il y aura risque d’instabilité politique; or les marchés n’aiment pas l’instabilité.


La bourse s’est effondrée avec une perte de la capitalisation boursière estimée à €250 milliards.


Il ne faut pas oublier que les États-Unis ont des retraites par capitalisation, donc des fonds à investir en actions. Les fonds américains, dont BlackRock, sont présents dans la quasi-totalité des entreprises du CAC 40.

 

  • Macron ouvre la porte aux amis de Poutine

Le couple Le Pen-Bardella est pro Poutine ce qui est tout simplement inacceptable sur le plan de la dignité. Poutine doit être combattu avec la dernière vigueur, mais on ne le combat pas avec des promesses vides (on le combat en fournissant des armements à l’Ukraine et des avions de chasse comme vient de le proposer Macron).


2  Le pari que Macron aurait pu faire

Puisque Macron aime jouer le tout pour le tout, puisqu’il se dit pro-entreprises, puisqu’il est en fin de mandat et n’a rien à perdre, il aurait pu faire le pari de la rigueur. Je sais, ça n’a pas porté chance à F. Fillon, les juges (et les médias) ont eu raison de lui.


Le pari qu’aurait pu faire le Président Macron aurait pu être de dire, au début de son second mandat, je m’engage à remettre en ordre les finances publiques de la France en baissant les dépenses publiques et les charges pesant sur les entreprises (faire le contraire de ce que les partis proposent aujourd’hui). Ce n’est pas un langage très populaire en France où on ne parle que d’accroître les dépenses (donc les déficits si on n’augmente pas les recettes). Le coût politique aurait été des manifestations dans la rue et des grèves (pas plus de nombre de grévistes que ce qui a eu pour la réforme des retraites, car ce sont toujours les mêmes qui sortent dans la rue). Le bénéfice économique escompté, si ce plan de réduction des dépenses et des impôts et charges avait été annoncé, planifié et mis en œuvre chaque mois, aurait pu être énorme (c’est un pari, mais un pari pour la France). Les agents économiques auraient anticipé le désir du Gouvernement de réduire le niveau de dépenses excessif dans notre pays, ils auraient anticipé une baisse limitée, mais crédible des charges et les entrepreneurs auraient repris confiance et auraient investi et embauché. Ça s’appelle l’austérité avec croissance (Alesina, Favero, & Giavazzi, 2019). Mais dans un pays chapeauté par des économistes keynésiens qui nous font croire que le déficit budgétaire est un facteur de croissance, des hauts fonctionnaires formés au droit public et une gauche qui ne pense qu’en termes de politique de « rupture » (avec le système capitaliste) c’est impossible. C’est triste parce que l’ajustement se fera inéluctablement, mais il se fera dans le désordre et imposé par les marchés (et le FMI ?)


Je conclurai en utilisant le commentaire éclairant de R. Enthoven ce matin sur radio classique, le pari de Macron est l’opposé du pari de Pascal, si vous pensez que Dieu peut exister (même avec une très faible probabilité, mais une probabilité supérieure à 0), alors vous gagnez l’infini, en effet le produit d’une probabilité non nulle multiplié par l’infini que nous donne Dieu est égal à l’infini. En revanche, si vous ne croyez pas en Dieu, alors vous ne gagnez rien (zéro multiplié par l’infini égal zéro).


« Dans un cas vous gagnez tout ; si vous perdez, vous ne perdez rien ».

L’infini n’existe pas dans ce bas monde, dans le pari de Macron, dans le meilleur des cas on ne gagne rien, dans le pire, on perd tout, triste pari.

 

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