Jean-Pierre Dumas
mercredi 3 juillet 2024
Raymond Devos, la catastrophe, le 31 décembre 1979
« Déjà, nous allons vers la catastrophe et nous le savions…oui, la catastrophe était pour demain, c’est-à-dire qu’en fait elle devrait être pour aujourd’hui. Je vous signale d’ailleurs que si le Gouvernement actuel n’est pas capable d’assumer la catastrophe, il est possible que l’opposition s’en empare ».
On ne peut pas mieux dire, Raymond Devos, la catastrophe, le 31 décembre 1979, sur Radio classique le 1er juillet 2024
Un lecteur me fait remarquer que The Economist (TE), 2024.06.28 publie un article élogieux sur le bilan de Macron alors que mon article est plutôt sévère https://www.jpdumas007.com/post/macron-le-mauvais-pari-et-le-pari-qu-il-aurait-pu-faire. Sous-entendu est-ce correct d’aboyer avec les loups ? Le problème consiste à savoir si le verre est à moitié plein (TE) ou à moitié vide (JPD), il semble, aujourd’hui, de second ordre. Les deux n’ont pas tort, il est exact comme l’écrit TE que Paris (Paris n’est pas la France) est devenu un pôle d’attraction pour les banques et la finance internationale qui a privilégié Paris par rapport à d’autres capitales européennes et cela grâce aux efforts de Macron pour attirer les banques Anglo-saxonnes après le Brexit et les investissements étrangers. Une des réformes de l’offre qui a été la plus bénéfique pour l’emploi est l’effort en faveur de la formation dans les entreprises. Enfin, disaient le monde des affaires Anglo-saxons, un Président français qui sait parler anglais et qui est “business friendly’’. Le problème est que les banquiers de Wall Street et de Londres ne votent pas et la culture française n’est pas particulièrement probusiness.
Les économistes (les professeurs), la plupart de gauche, enseignent, dans le meilleur des cas, le Keynésianisme (croyance que la France est en état permanent de demande insuffisante et que l’État doit intervenir en faisant du déficit pour relancer la demande). Le déficit extérieur est la preuve que la France ne connaît pas une demande insuffisante, la demande finale, en France, est supérieure à l’offre. Dans le pire des cas, nos économistes patentés proposent le marxisme, l’ennemi ce sont les riches, les entrepreneurs « qui gagnent de l’argent en dormant », « il faut prendre l’argent là où il est » « on manque de moyens ». C’est le niveau, et c’est enseigné dans la plupart de nos écoles et de nos universités. Vous avez même un professeur célèbre qui passe son temps à inventer un nouvel impôt pour financer des dépenses ridiculement élevées, croyant que les impôts sur les impôts vont financer le déficit. Manifestement, ce professeur n’a jamais entendu parler de l’effet de distorsion des impôts sur la croissance et la productivité. Si le niveau de la croissance française est aussi faible (1.2% par an en moyenne annuelle de 2017 à 2023) (croissance inférieure à la moyenne des pays de la ZE contrairement à ce qu’écrit TE), c’est à cause d’impôts et de charges qui pèsent sur les entreprises.
Il est aussi exact que, comme je l’écris, le bilan macroéconomique de Macron est décevant (cf. tableau). Macron a la réputation d’avoir entrepris une politique de l’offre, il a fait une politique de l’offre en utilisant la méthode macronienne du « en même temps », beaucoup de keynésianisme (déficit budgétaire moyen de 4.9% du PIB de 2017 à 2023), un zeste de baisse d’impôts de production et d’impôts sur les bénéfices, beaucoup d’appel auprès des (grands) chefs d’entreprises. Il a oublié la pierre angulaire de la politique de l’offre dans un pays qui a le ratio de prélèvements obligatoires le plus élevé des pays de l’OCDE, la baisse permanente des impôts et charges qui pèsent sur les entreprises, il ne pouvait le faire, car il n’a pas souhaité baisser les dépenses publiques, or, en France (comme en Angleterre), on ne peut baisser les impôts sans baisser au préalable les dépenses d’une manière crédible et permanente. Le climat politique et social explique bien pourquoi cette stratégie n’est politiquement pas possible dans un pays où plus de 60% de la population est en faveur de partis populistes, pas très évolués sur le plan économique.
Questions, pourquoi les Français sont si désillusionnés avec leur présent, au point de se jeter dans les bras de deux partis extrêmes ? Peu de pays offrent un système de santé aussi peu cher (pour beaucoup gratuit), peu de pays offrent un système d’éducation quasi gratuit y compris dans le supérieur, peu de pays ont un système de retraite aussi généreux et cher pour la puissance publique. Contrairement à ce que disent tous ces professeurs d’économie de gauche, l’inégalité des richesses est relativement faible en France, mais la haine des riches l’emporte. Alors pourquoi tant d’amertume, de passions tristes ? Désir de se faire peur, fascination pour l’inconnu, la révolution ? Haine entre deux parties (en fait similaire puisque populistes), haine des riches, haine contre Macron, haine du peuple contre les technocrates, haine des étrangers? Je laisse la réponse aux analystes politiques. La fuite vers le populisme ne se limite pas à la France, elle a touché l’Italie (la différence est que Mme Meloni est pragmatique et libérale), la Hongrie, la Hollande et des pays européens (avec une nuance, ces pays sont habitués à faire des compromis, ce n’est pas le cas du nôtre), elle va toucher le pays le plus important du monde, les États-Unis. Les gouvernements ont refusé de voir que l’excès d’immigration non contrôlée devenait impopulaire dans toutes les strates de la population et dans tous les pays, y compris les pays tolérants. Ça a été le levain de la montée en puissance du RN qui depuis plus de 30 ans sème ses graines, ajoute quelques slogans simplistes, le pouvoir d’achat (insuffisant), les retraites (insuffisantes), les étrangers sont pris en charge par l’État, alors que nous, les travailleurs français, nous n’avons droit à rien, on nous méprise, etc.
La stratégie de l’extrême gauche est maintenant claire, elle est menée par un révolutionnaire adepte du modèle vénézuélien et de l’islamogauchisme, démettre le Président élu, faire passer le RN au pouvoir, instaurer le b. généralisé en France et prendre le pouvoir par la rue. Le risque que ça fonctionne est faible, mais le risque de déclin est fort.
Les socialistes bobos qui soutiennent la France insoumise sous prétexte du barrage républicain contre le fascisme d’extrême droite sont des alliés objectifs de Mélenchon et de ses sbires. Ils ne pèsent pas lourd face à un dictateur qui tient en main un parti totalitaire.
Si demain le Président Macron démissionne, qui sera le candidat unique de la gauche, le gentil Glucskmann ou le révolutionnaire Mélenchon ? Kerenski ou Lénine ?
« les socialistes « font leur histoire, mais ne savent pas l’histoire qu’ils font ».
K. Marx
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